A PROPOS DE LA MUE VOCALE |
La mue des garçons
La mue vocale des garçons s’effectue vers l’âge de 13 ans. Pendant longtemps il a été considéré comme dangereux de faire chanter un garçon durant cette période. En réalité, le danger est de forcer en intensité ou en étendue : s’agissant de muscles, il peut se produire un claquage, comme en sport. Sauf que pendant la mue, les claquages des cordes vocales peuvent être dangereux, une voix peut se casser quasi définitivement, ce qui, pour un jeune chanteur, est dramatique.
Certains formateurs en profitent pour entraîner les adolescents au travail des aigus afin qu’ils gardent une partie de cette capacité une fois adultes. C’est en effet très tentant, car rare et très recherché ! Mais tout le monde n’est pas contre-ténor naturel comme Philippe Jaroussky, aussi il vaut mieux éviter la recherche d’exploits et rester dans la prudence.
L’adolescent en plein mue peut chanter, à voix modérée, mais il « dérapera » souvent. Cela peut être une cause de trouble au sein du chœur, mais aussi une déception pour le jeune chanteur. Jean-Sébastien Bach, encore adolescent, avait un jour provoqué l’hilarité des chanteurs et du public en émettant un puissant « couac » pendant un office ! Nous tâcherons d’éviter ce genre de mésaventure…
Un garçon en cours de mue n’est cependant pas empêché d’apprendre les parties de ténor ou de basse, et ainsi se préparer, a être efficace dans son nouveau pupitre dès la mue achevée. Par ailleurs, s’il chante peu voire pas du tout, il peut en profiter pour se former à la logistique d’une manécanterie : encadrement des plus jeunes, classement liturgique des partitions, approfondissement de sa culture musicale, formation à l’application liturgique du chant, initiation à la direction de chœur… et ainsi être en capacité, vers 16 ou 17 ans, de devenir un assistant de chef de chœur très capable.
Et les filles ?
La mue vocale des filles entraînant rarement un changement de tessiture vers le bas, cette mue, très discrète, se fait en douceur. L’adolescente se contente de gagner en puissance, notamment en « charpentant » sa voix, en y mettant de la couleur. Dès 15 ans une chanteuse acquiert des capacités de jeune femme. De ce fait, il lui faut travailler les caractéristiques de la voix d’enfant afin de garder la capacité à poser sa voix de cette manière. C’est d’une grande importance dans une manécanterie mixte, afin que les chanteuses adolescentes « n’écrasent » pas les jeunes garçons (que cela peut dissuader de continuer !). A priori une jeune fille qui a été formée à 10 ans dans une manécanterie peut combiner la chaleur d’une voix de femme (larynx) avec la fraîcheur d’une voix d’enfant (diction), c’est très rare, mais le résultat peut frôler la perfection.
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